– Justement, par rapport à ça, au niveau des comportements, de ce que l’on fait, des erreurs qu’on peut faire, quand on donne à manger à son enfant, qu’est-ce qu’on fait le plus souvent par exemple, s’il ne veut pas manger son assiette ?
– Alors, ça c’est une superbe question. Et j’espère que vous avez appris ou qu’il y a des trucs qui vous ont intéressé dans la formation, vous pourriez peut-être nous en partager. Mais, je pense qu’il y a énormément de choses, et c’est ça qui fait que le sujet de l’alimentation est vraiment très, très riche. Parce qu’il y a énormément de comportements qu’on fait par habitude, par éducation, par manque de temps ou quoi que ce soit, qui ne sont pas les plus adaptés pour développer le goût de l’enfant ou le faire prendre ses bonnes habitudes alimentaires dès le plus jeune âge.
Par exemple, forcer tout-petit à finir son assiette : au début, l’enfant a une très forte capacité d’auto-régulation, bien plus que l’adulte. Et donc, il sait quand il n’a plus faim et ça varie. Donc il n’y a pas besoin de le forcer à finir. Donc il ne faut pas regarder les quantités au pied de la lettre, mais voilà, s’il mange un peu moins un repas, il mangera peut-être plus à un suivant et il sait. Cela ne sert à rien de créer ce stress autour de l’obligation de finir une assiette.
Un autre, exemple pourrait être de montrer que l’on n’aime pas un aliment. Par exemple, donner des épinards, à un enfant, aussi petit soit-il, en disant « miam, miam-miam des épinards ! », mais en se bouchant le nez de dégoût, ça ne donne pas du tout envie à l’enfant. Le bébé comprend, intériorise le fait que ça va être mauvais et ça lui donne déjà une mauvaise impression de l’aliment.
Et enfin, un dernier comportement qui est vraiment à ne pas sous-estimer, c’est la persévérance. C’est-à-dire que parfois, on peut ne pas persévérer pour plein de différentes raisons. Par exemple, on sait aujourd’hui qu’il faut parfois présenter jusqu’à 10 fois un même aliment à un enfant pour qu’il le goûte. Ce n’est pas parce qu’il refuse trois fois des brocolis qu’il n’aime pas ça. Ça peut être frustrant, parce qu’on n’a préparé les brocolis et qu’il n’a pas touché son assiette. Et voilà, il faudra faire pour les grands, des pâtes aux brocolis ou je ne sais pas. Mais voilà, il faut continuer à lui en proposer de temps en temps et je vous dis jusqu’à potentiellement 10 fois, voire même 12 fois, pour vraiment savoir, s’il n’aime pas. C’est quelque chose de frustrant, très désagréable, quand on a préparé avec amour son assiette, et il n’en veut pas. Mais il faut continuer à persévérer. Notamment, à partir de 18 mois, il peut être davantage attiré par les pâtes, les pommes de terre, tout ce qui est assez dense et peut-être avec des goûts moins prononcés, c’est cette fameuse période où il refuse beaucoup d’aliments, mais, il faut continuer à lui présenter régulièrement des légumes, même s’il les mange moins, il faut continuer à lui montrer parce que c’est cette exposition répétée avec une diversité des légumes qui fera que, quand il quittera cette période où il est moins attiré par ces aliments, il aura envie d’en reprendre plus tard.